Vous connaissez la popup de cookies quand vous arrivez sur un site web? La CNIL envisage d’appliquer une méthode similaire pour récolter le consentement des des contacts de votre base de données.
Sommaire
- • Les potentiels changements
- • Qu’est-ce qu’un pixel de tracking dans un email ? (rappel rapide)
- • Que dit la CNIL dans sa recommandation ?
- • 5 impacts concrets pour les expéditeurs d’emails
- • Anticipez la fin des pixels comme celle des cookies
- • Participez à la consultation : donnez votre avis à la CNIL
Ce qui change (et pourquoi vous devez vous y intéresser dès maintenant)
La CNIL a lancé en juin 2025 une consultation publique qui pourrait profondément modifier les règles du jeu pour tous les expéditeurs d’emails marketing . L’autorité envisage d’imposer un consentement explicite avant toute utilisation de pixels de tracking dans les emails.
Cela signifie concrètement que :
- Vous ne pourrez plus suivre automatiquement les ouvertures d’emails sans accord clair de vos destinataires.
- Les données collectées via ces pixels (ouvertures, dates, appareil, adresse IP, etc.) seraient considérées comme des données personnelles soumises au RGPD.
- Le simple fait de recevoir un email ne suffira plus à justifier ce suivi.
Pourquoi c’est un tournant majeur pour l’email marketing :
- Tous les indicateurs de performance basés sur l’ouverture vont devenir inexploitables chez une grande partie de vos contacts (ceux n’ayant pas donné leur consentement).
- Les segments “actifs” ou “inactifs” ne pourront plus être mis à jour automatiquement, rendant les ciblages comportementaux beaucoup moins fiables.
- La délivrabilité risque de se dégrader car vous ne pourrez plus aussi facilement nettoyer vos bases ou repérer les adresses dormantes.
- Les A/B tests sur l’objet ou l’heure d’envoi perdront en pertinence, faute de données fiables d’ouverture. .
Cette recommandation n’est pas encore définitive, mais elle s’inscrit dans une tendance claire : encadrer plus strictement le marketing digital et renforcer les droits des utilisateurs. En tant qu’expéditeur d’emails, vous devez anticiper ces changements dès maintenant pour éviter de perdre en performance et en conformité.
Qu’est-ce qu’un pixel de tracking dans un email ? (rappel rapide)
Comment fonctionne un pixel de tracking email
Un pixel de tracking est une petite image invisible de 1x1 pixel, intégrée dans le contenu HTML d’un email. Lorsqu’un destinataire ouvre le message, ce pixel se charge automatiquement depuis le serveur de l’expéditeur. Ce chargement permet d’enregistrer certaines informations sur le destinataire et son comportement.
Ce que ce pixel permet de mesurer
Le pixel ne se contente pas de signaler qu’un email a été ouvert. Il permet aussi de :
- Identifier l’adresse email liée à l’ouverture
- Enregistrer la date et l’heure de l’ouverture
- Connaître le type de terminal ou de navigateur utilisé
- Localiser approximativement l’utilisateur (via l’adresse IP)
- Déterminer si l’email a été ouvert plusieurs fois
Ces données sont ensuite utilisées pour alimenter les rapports de campagnes, segmenter les bases, automatiser des actions ou déclencher des scénarios.
Pourquoi les expéditeurs emails l’utilisent massivement
Le pixel est devenu un outil central du marketing par email car il permet de :
- Mesurer la performance d’une campagne (taux d’ouverture, réactivité, etc.)
- Cibler plus finement les destinataires en fonction de leur comportement
- Optimiser les envois futurs (tests d’objet, d’heure, de fréquence…)
- Améliorer la délivrabilité, en identifiant les adresses inactives
- Personnaliser les contenus et les relances automatiquement
Il est intégré par défaut dans la majorité des outils d’emailing, sans action spécifique de l’expéditeur ni information explicite à l’utilisateur final. C’est justement cette absence de transparence qui est aujourd’hui remise en question par la CNIL.
Que dit la CNIL dans sa recommandation ?
La CNIL propose d’imposer un consentement explicite avant tout usage de pixels de tracking dans les emails. Ces traceurs seraient traités comme des cookies : il faudrait informer clairement l’utilisateur et obtenir son accord avant leur activation.
Ce que cela signifie concrètement :
- Le suivi des ouvertures ne serait plus automatique.
- Le simple abonnement à une newsletter ne suffirait plus pour justifier ce suivi.
- Tous les expéditeurs sont concernés, quel que soit leur secteur ou leur outil.
Cette recommandation fait l’objet d’une consultation publique ouverte jusqu’au 24 juillet 2025. La CNIL invite les professionnels à contribuer, afin d’évaluer les impacts économiques et techniques de cette mesure.
5 impacts concrets pour les expéditeurs d’emails
Si la recommandation de la CNIL entre en vigueur, elle aura des conséquences immédiates sur la manière de concevoir et piloter vos campagnes email. Voici les impacts majeurs à anticiper :
1. Perte de la donnée d’ouverture
Sans consentement explicite, vous ne pourrez plus collecter l’information d’ouverture.
Résultat : vos taux d’ouverture seront incomplets, faussés ou inutilisables.
2. Ciblage des actifs/inactifs rendu obsolète
Les segments "actifs 30 jours", "inactifs 90 jours" ou "lecteurs réguliers" reposent sur les ouvertures.
Sans cette donnée, il devient très difficile d’évaluer l’engagement réel d’un contact.
3. Segmentation et personnalisation affaiblies
Moins de données comportementales signifie des segments moins fins et moins pertinents.
Cela limite la personnalisation des contenus et des scénarios automatisés.
4. Impact sur la délivrabilité
Sans indicateurs d’ouverture, vous ne pourrez plus identifier les contacts inactifs.
Cela augmente le risque de continuer à envoyer à des adresses mortes ou peu réactives, ce qui peut nuire à votre réputation d’expéditeur.
5. Fin du suivi précis des performances
L’analyse des performances devient plus floue.
Impossible de savoir si un objet a mieux fonctionné qu’un autre ou si une campagne a vraiment été lue.
Les tests A/B perdront en fiabilité, faute de métriques fiables à comparer.
Ces impacts concernent autant les médias, les agences, que les créateurs de contenus. Anticiper ces évolutions est essentiel pour adapter vos pratiques sans compromettre vos résultats.
Anticipez la fin des pixels comme celle des cookies
Ce que la CNIL propose pour les emails ressemble fortement à ce qui s’est déjà produit sur le web avec les cookies tiers. Les mêmes logiques sont à l’œuvre : plus de transparence, plus de contrôle pour l’utilisateur, et moins de tracking invisible.
Un parallèle avec la fin des cookies
- Les cookies tiers ont été progressivement bloqués par les navigateurs.
- Leur usage est désormais conditionné à un consentement explicite.
- Résultat : la mesure d’audience et le ciblage ont dû évoluer vers des solutions alternatives.
Le même scénario se profile pour les emails. Le pixel de suivi, longtemps discret et omniprésent, devient une pratique sous surveillance.
Vers un email marketing plus respectueux, mais plus complexe
La mise en conformité demandera des efforts techniques, organisationnels et stratégiques :
- Repenser les indicateurs de performance
- Créer des segments sans les données d’ouverture
- Revoir les scénarios d’automatisation basés sur l’engagement
- Mettre en place une stratégie claire de recueil du consentement
Les expéditeurs vont devoir s’appuyer davantage sur des données first-party (clics, conversions, comportements sur leur propre site) et moins sur des signaux passifs.
Ce changement peut aussi être une opportunité : celle de mieux valoriser l'engagement réel et volontaire de vos abonnés, plutôt que des signaux techniques souvent peu fiables.
Ceux qui anticipent dès maintenant auront un avantage concurrentiel sur ceux qui attendent la mise en application finale.
Participez à la consultation : donnez votre avis à la CNIL
La CNIL laisse la possibilité aux professionnels de réagir à son projet jusqu’au 24 juillet 2025. Vous pouvez consulter la recommandation complète et déposer vos remarques ici :
👉 Accéder à la consultation publique
Pourquoi c’est important de participer
- Faire entendre la réalité terrain : outils, contraintes techniques, enjeux business.
- Peser dans le débat : plus les professionnels du secteur seront nombreux à répondre, plus leurs besoins seront pris en compte.
- Influencer la version finale : vos retours peuvent permettre d’adapter le texte ou de proposer des alternatives réalistes.
La CNIL n'accepte plus de contributions.
Sources : CNIL